La résurgence du féminin sacré : entre archétypes anciens et émancipation moderne
- Québec Occulte

- 10 juil.
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Origine : déesses, prêtresses et figures cycliques
Dans de nombreuses cultures anciennes, le féminin divin était honoré sous des formes variées : Gaïa, Isis, Inanna, Hécate, Brigid, Kālī… Ces déesses incarnaient la fertilité, la mort, la magie, la guérison, la guerre ou la sagesse. Elles représentaient la nature cyclique de l’existence, liée aux saisons, aux lunes, à la transformation.
Les sociétés matrifocales ou polythéistes reconnaissaient souvent un équilibre entre les forces masculines et féminines, aussi bien dans le divin que dans la société. Mais avec l’essor des religions monothéistes patriarcales, ces figures ont été écartées ou diabolisées, et les femmes exclues des rôles spirituels centraux.
Le féminin, dans les textes religieux dominants, est souvent associé à la tentation, à la faiblesse, au péché, ou relégué à un rôle de soutien. Ce refoulement du sacré féminin a laissé une fracture profonde, que les mouvements modernes cherchent à réparer.
Évolution : entre empowerment spirituel et guérison collective
À partir des années 1970, dans le sillage du féminisme de la seconde vague, certaines militantes se tournent vers les spiritualités alternatives pour redonner une place sacrée au féminin. Les cercles de femmes, les rituels lunaires, les invocations de déesses reviennent à l’avant-plan dans les milieux néo-païens, new age et wiccan.
Le féminin sacré contemporain mêle plusieurs dimensions :
Spirituelle : reconnexion à la nature, aux cycles, à l’intuition, aux déesses.
Corporelle : réappropriation du corps, de la sexualité, des menstruations.
Psycho-symbolique : exploration des archétypes féminins (la mère, la sage, la guerrière, la sorcière…).
Communautaire : cercles de parole, retraites, rituels de sororité.
Aujourd’hui, ce mouvement s’est largement diffusé dans la culture numérique : comptes Instagram dédiés aux rituels de pleine lune, TikToks sur les archétypes de la déesse, influenceuses proposant des oracles et des cercles virtuels. Le féminin sacré est aussi un levier d’émancipation personnelle pour beaucoup, mais aussi un marché florissant (livres, stages, bijoux, oracles…).
En reconnectant le corps, l’émotion et la spiritualité, il répond à une faim de sens, d’équilibre, et de guérison collective, dans un monde qui a longtemps rejeté ou instrumentalisé le féminin.
📚 Pour aller plus loin
Clarissa Pinkola Estés, Femmes qui courent avec les loups, Grasset, 1996.→ Un ouvrage fondamental sur les archétypes féminins et l’âme sauvage, mêlant psychologie jungienne et contes initiatiques.
Jean Shinoda Bolen, Les déesses en chaque femme, Éditions du Roseau, 1984.→ Exploration des archétypes grecs comme outils de développement personnel et de connaissance de soi.
Starhawk, Rêver l’obscur : Femmes, magie et politique, Mama Éditions, 2009.→ Texte emblématique du néo-paganisme et du féminisme spirituel.
Camille Sfez, La puissance du féminin, Leduc.s, 2018.→ Approche moderne et accessible du féminin sacré, incluant le vécu corporel et émotionnel.
Jill Hammer, The Hebrew Priestess: Ancient and New Visions of Jewish Women's Spiritual Leadership, Ben Yehuda Press, 2015.→ Un exemple de réhabilitation du féminin sacré dans une tradition religieuse historique.
Ressources numériques :
Podcasts comme The Priestess Podcast ou Feminine Frequency
Comptes Instagram : @themoonwoman, @femmeslunaires, @wildwomanwitchcraft



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